Requiem — Not for a dream

nom •• Requiem.
surnom •• On ne la surnomme pas.
âge •• 6 ans.
sexe •• Jument.
groupe •• Bliss
visionnaire •• Non



"Le Yin est noir, le Yang est blanc. Le Yin et le Yang sont aussi différents que la nuit et le jour, le vide et le plein, le froid et le chaud... le mal et le bien. Pourtant, il y a un point blanc dans la partie noire, et un point noire dans la partie blanche. Parce que rien n'est jamais tout noir, ni tout blanc. Parce que personne n'est entièrement mauvais, ni entièrement bon."

Requiem est un déchet, une erreur de la nature qui n'aurait jamais dû voir le jour. Son existence entière repose sur cette vérité.
Son âme est aussi noire que ses prunelles sont effrayantes et hypnotisantes. Brisée par son passé, la jument n'est plus que haine et solitude. Avec son allure fantomatique, Requiem est telle que naturellement, elle impressionne, effraie et impose le respect. Elle est aussi froide que son cœur est de glace, aussi paradoxale que son esprit est lunatique. Un peu bipolaire sur les bords dans ses mauvais jours, elle est la plupart du temps cynique et mauvaise, vicieuse et imprévisible. Réfléchie, ses mots constituent son arme la plus destructrice : elle sait les manier à merveille, les tourner à son avantage. Requiem, c'est la pique de trop, la vérité qui dérange. Un véritable poison.
Légèrement instable, Requiem est une jument explosive et entêtée qui ne manque pas de caractère : elle vit, déborde de toute l'énergie d'un jeune cheval de son âge. Elle s'est forgée une carapace, une coquille solide refermant au plus profond de son être les abysses qui constituent son âme, le trou béant qui habite son cœur, l'épaisse brume noire qui plane sur son esprit. La jument n'a plus rien à perdre, elle n'a pas peur de mourir. Son courage est la seule qualité qui lui reste, elle irait au bout du monde pour défendre ses convictions ou sa liberté.
La confiance est un sentiment qu'elle ne connaît pas : sa loyauté ne se tourne qu'envers elle-même et ne sert que ses propres intérêts égoïstes. Elle déteste dépendre d'autrui, son appartenance n'est pour elle qu'un moyen de survie, un mal nécessaire ; solitaire dans l'âme, elle est et restera toujours un électron libre.




"La liberté est un Oui plein de noblesse et de générosité adressé à la vie."

Requiem est un déchet, une erreur de la nature qui n'aurait jamais dû voir le jour. Elle est le fruit d'un inceste malsain, la conséquence du viol d'un père sur son enfant.

Elle est née dans la désolation, au sein d'une horde violente et menée par la terreur. Le leader, puissant étalon de qui elle tient sa robe cendrée et fantomatique, n'était autre qu'un être tyrannique et aliéné qui abusait de ses enfants dans le but d'obtenir la lignée la plus pure possible.
Sa mère, détruite par la torture psychologique de cet inceste, n'était plus qu'un tas d'os vide et dénué de tout sentiment. Physiquement et émotionnellement, elle ne put s'occuper correctement de Requiem ; d'ailleurs, elle fut retrouvée morte dans la seconde année de la pouliche. La cendrée n'avait plus que son père pour s'occuper d'elle, et un troupeau martyrisé pour compagnie.
Bien que sa mère se soit contentée de la faire survivre, Requiem fut profondément blessée par la disparition de celle-ci. Elle se sentait abandonnée, laissée à la merci de son destin. Jusque là encore candide et naïve, le décès de sa génitrice à un âge précoce lui ouvrit les yeux ; c'était lui qui l'avait affaiblie, lui qui l'avait torturée, lui qui l'avait tuée. La pouliche le savait bien, la prochaine, c'était elle. Et ce n'était pas envisageable. Non, elle refusait de subir toutes ces choses que sa mère avait laissé faire, elle refusait d'être souillée ainsi. Tout cela était malsain et il fallait y mettre un terme.

Par chance, au cours de sa troisième année, elle se lia d'amitié avec un yearling de la horde. Plus âgé qu'elle d'un an, il était intelligent et courageux. Lui aussi voulait faire bouger les choses et refusait de vivre dans la peur. Requiem et lui s'unirent d'un pacte secret, se promettant qu'un jour, lorsqu'ils seraient plus forts et vigoureux, ils feraient tomber leur leader.
Les mois passèrent, la pouliche avait atteint ses 4 ans et se trouvait toujours aux côtés du yearling, désormais un étalon svelte et puissant. Nul ne les séparait, ils étaient unis par les liens d'un amour fraternel et leur goût pour l'aventure. Mais leur leader voyait cette relation d'un œil mauvais ; terrorisé à l'idée que la cendrée puisse enfanter d'un autre que lui et souiller la lignée, il provoqua l'étalon en duel et le mena à sa perte. Il l'acheva avec tout le sadisme dont il était pourvu, sous les yeux de la cendrée. Son ami, son frère, le seul être pour qui elle éprouvait de l'affection, de l'amour : mort, assassiné. Il avait tué son pilier, il l'avait brisée, et il se délectait de tant de barbarie.

Mais le pire était encore à venir. Bouleversée, Requiem s'était réfugiée le soir même dans les hauteurs pour pleurer ce frère perdu à tout jamais. C'était là qu'il était venu la rejoindre. Ses yeux injectés de sang par la fureur et la folie se détachaient horriblement de la pénombre ; c'était un cauchemar, une vision d'horreur, un tableau que la jument n'oublierait jamais. Il était plus aliéné que jamais. La cendrée se débâtit autant qu'elle le put, mais que pouvait-elle faire contre tant de puissance et de folie ? Il profita de sa faiblesse, en abusa. Et comme toutes les autres avant elle, Requiem fut souillée. Elle pleurait, elle gémissait, mais nul ne l'entendait. Seul son frère semblait déverser ses larmes de pluie sur elle, l'abandonnant à son triste sort, tandis que tout ce qui restait de son cœur partait en miettes. Alors c'était ainsi que tout cela devait se terminer ? Elle finirait comme sa mère, et toutes les autres ? Non, il n'en était pas question. Elle pouvait le faire, elle en était capable, elle le savait. La falaise n'était qu'à quelques mètres. Dans un dernier élan de courage, Requiem rassembla toutes les forces qui lui restaient, décocha une ruade, et envoya valser de ses postérieurs le démon qu'était son père. Elle partit aussitôt, sans se retourner. Le plus loin possible de tout cela.

Vidée, anéantie, elle ne sentait en elle que la douce sensation de la liberté qui se transforma au fil des mois et des années en une haine profonde envers la vie si injuste qu'on lui avait donnée. Mais elle était libre, il était enfin temps pour elle de dire "merde" à toutes ces années perdues, et de vivre en reprenant à la nature ce qu'elle lui avait arraché.



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